En 2018, voyant que la mobilité électrique prenait de plus en plus d’ampleur, je me suis mis à rêver. Pourquoi ne pas concevoir une moto électrique totalement différente des motos à moteur à combustion sur le marché actuel? Mon emploi d’enseignant au Cégep me laissait une bonne latitude pour occuper mes étés, et cela me permettrait aussi de mettre en pratique deux de mes passions, l’entrepreneuriat et la moto!
Après quelques réflexions, je me suis dit que ce nouveau concept pourrait être une moto modulaire. Un modèle dont le châssis serait capable de supporter différentes puissances de moteurs électriques et différentes capacités de batteries en fonction de l’autonomie souhaitée par les conducteurs. En d’autres termes, vous pourriez acheter une moto moins puissante pour débuter, le temps de vous familiariser avec la conduite à deux roues, puis de croître en puissance si le cœur vous en dit. Les capacités motrices se seraient adaptées à la réglementation de la SAAQ pour les classes de motos.
Pour rendre le tout plus attrayant, j’ai aussi pensé développer un réseau de recharge et d’échange de batterie. Vous vous promenez en ville et vous avez épuisé la charge disponible de votre monture? Pas de problème, passez à notre station, et repartez immédiatement avec une batterie à pleine capacité, ou attendez tranquillement que votre batterie se recharge, si le temps vous le permet. Ces stations auraient été alimentées à l’énergie solaire, créant des ilôts d’ombrage à l’abri du soleil et des intempéries.
Avec ces quelques idées en tête, je me présente à Entrepreneuriat Laval pour parler de mon projet. Le conseiller se dit emballé. J’ai bien entendu quelques recherches à faire au sujet de la conception et de la fabrication de motos et au sujet des batteries, des fabricants et de l’importation de véhicules.
Au fil de mes recherches, je découvre la compagnie vmoto et sa marque Super Soco. Celle-ci propose déjà deux modèles de scooters électriques, et leur philosophie de conception reprend à peu près celle que je voulais privilégier : la modularité de conception à partir d’un même châssis. J’étudie le modèle d’affaires, et je m’aperçois qu’ils recherchent des partenaires de développement pour le Canada. Déjà bien distribué en Asie et se taillant une place enviable en Europe, il restait notre marché à percer.
Je n’avais pas beaucoup de ressources ni de temps à consacrer à toutes les démarches d’importation. À travers mon exploration, j’ai finalement remarqué qu’un importateur canadien, déjà bien implanté à Vancouver, avait finalement complété le processus d’homologation des Super Soco pour le Canada. Je communique avec lui pour discuter des opportunités d’affaires comme revendeur, et l’accueil a été positif.
Il me restait maintenant à trouver un local… ce qui n’est pas si facile que cela en a l’air! En effet, les règlementations municipales limitent les lieux où on peut ouvrir une succursale pour vendre des véhicules. C’est compréhensible! Et avec mon emploi du temps, ça aurait été difficilement réaliste d’être sur place plus d’une journée par semaine.
D’entrepreneur à intrapreneur
De fil en aiguille, réalisant que j’avais peu de ressources et de temps à investir dans le projet, j’ai décidé d’aborder le défi autrement en me trouvant des partenaires intéressés à vendre des scooters. Ma marque reste le point d’entrée des contacts, mais c’est mon partenaire qui conclut les ventes. Je deviens comme un vendeur à commission, avec un horaire flexible à mon goût, tout en me permettant de promouvoir la mobilité électrique individuelle, en permettant à mon partenaire de générer des revenus, et à des clients de vivre une expérience d’achat agréable.
Je réussis à trouver la perle rare, et c’est à partir de mai 2019 que nous vendons nos premiers scooters. La première saison en a été une d’ajustements et de test de marché. La seconde, un peu plus enlevante, a consolidé notre présence au Québec. J’ai entamé des démarches avec un concessionnaire moto à Sainte-Julie, près de Montréal, afin de répondre aux demandes de la clientèle montréalaise, qui semble plus prête que le reste du Québec à entamer le passage au scooter électrique. Néanmoins, je poursuis les livraisons à Montréal pour les clients qui le demandent.
Et voilà que le printemps 2021 arrive. Dès le mois de mars, je suis inondé d’appels et de courriels pour des demandes d’informations. Malgré la pandémie, plusieurs curieux se présentent chez mon partenaire de Québec alors que je ne suis pas sur place. Autrement dit, je commence à déranger… on m’annonce que je devrai quitter le local, car la vocation de l’entreprise avec laquelle je me suis associé n’est pas de vendre des scooters. Je les comprends, mais en même temps j’aurais aimé le savoir un peu plus tôt avant le début de la saison afin de me trouver un autre partenaire.
C’est donc à toute vitesse que je commence mes recherches de relocalisation. J’aurais bien aimé rester au centre-ville de Québec, mais je restais confronté avec les défis de locaux. Après une visite sur place chez Pro Performance à Saint-Raymond, j’ai eu ma chance. J’ai apporté un scooter qui a été essayé par les vendeurs et les techniciens en mécanique, et l’effet Wow a permis la suite : en trois jours, j’avais déménagé mes pénates chez Pro Performance, et je formais la nouvelle équipe aux produits Super Soco! Je me suis éloigné du centre-ville, mais j’ai trouvé une solide équipe qui croit autant que moi dans les scooters Super Soco et à l’avenir des scooters électriques. En plus, Pro Performance a une autre succursale à Boischatel, et nous souhaitons pouvoir offrir les produits Super Soco bientôt à cet endroit aussi.
Défis technologiques
Comme je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me préparer adéquatement au déménagement d’Eve moto, je fais face à la réalité pénible que les changements d’adresse chez Google prennent du temps. Je dois attendre que la nouvelle adresse soit confirmée avant que l’info soit à jour sur la page Google My business, et cela peut faire en sorte que des clients visitent mon ancien partenaire… Comble de malheur, j’ai aussi changé d’hébergeur pour mon site web, et le transfert a connu quelques ratés. Le site a vécu quelques périodes d’indisponibilité, mais je crois maintenant que tout est rentré dans l’ordre.
Et pour l’avenir de Super Soco au Québec
Je tiens à développer le marché de la marque Super Soco au Québec… surveillez-moi dans les prochains mois, je serai sur la route à dénicher des concessionnaires ouverts à embrasser ce nouveau marché. Je pousserai aussi la conceptualisation des ilôts de recharge et des systèmes d’échange de batterie. Super Soco évolue à grande vitesse, diversifie son offre de modèles, au grand plaisir des amateurs de motos. Je veille aussi à l’émergence d’autres fabricants susceptibles de se tailler une place dans le marché avant que les grands fabricants traditionnels passent à l’électrique. À suivre ici même, sur le blogue d’Eve moto!
Commentaires récents